Ne RIEN faire :
La Thérapie Ultime ?!
Il y a quelques années, j’avais un vrai problème à me lever le matin !
Avant d’aller bosser, je voulais prendre du temps le matin pour faire une routine matinale.
Alors j’ai testé des dizaines de stratégies pour me lever plus tôt : le réveil en dehors de la chambre, l’aube lumineuse, plusieurs réveils, différentes sonneries, une montre connectée, les applications de sommeil intelligentes, qui vibre, la douche froide, la reprogrammation de croyances, la programmation avant de m’endormir…
Malheureusement, rien n’a fonctionné. Ou plutôt, certaines tactiques ont fonctionné… Quelques jours.
Quelques années plus tard, j’ai complètement oublié que j’avais ce problème et tout va bien. Je me lève sans réveil, quand j’en ai envie.
Dans un monde où les librairies sont pleines de livres “How to” qui nous expliquent comment être heureux, comment perdre 20 kg, comment élever un hamster ou comment se débarrasser de la phobie des becs de canard (oui, ça existe), nous concevons chaque problème comme étant quelque chose à résoudre.
Depuis tout petit déjà, à l’école, on nous enseigne à résoudre des problèmes de mathématiques : une baignoire de 200L se remplit à la vitesse de 10 litres par minute, mais malheureusement, un trou la fait se vider de 55,7L par heure… Au bout de combien de temps sera-t-elle pleine ?
Au-delà du fait qu’on ne remplit pas une telle baignoire (on commence par boucher le trou) nous avons une mauvaise compréhension des “problèmes” de nos vies.
2 façons de considérer un problème dans nos vies
Il existe 2 façons majeures de considérer un problème dans notre vie.
1/ La première, et c’est la vision des thérapies brèves : on se fout de l’origine du problème. On agit sur le comment.
C’est ce que nous faisons en hypnose, en NERTI, en EFT, en systémique.
On ne se préoccupe pas de quelle peut être l’origine du problème en question.
On s’attache surtout à le résoudre.
2/ La seconde, c’est la psychologie des profondeurs : le problème n’en est pas un, il n’est qu’un symptôme de quelque chose de plus profond, à l’image de l’iceberg, sa face émergée étant le symptôme et sa face immergée cachant le vrai problème.
Il n’y a pas une bonne et une mauvaise façon de percevoir un problème, les deux ont du sens et fonctionnent.
Être souple reste la meilleure approche pour s’adapter à la situation que nous rencontrons.
Prenons un exemple pour rendre tout ça plus concret.
Imaginons que tu procrastines sur un projet important, tu n’arrives pas à faire une action spécifique telle qu’appeler des prospects.
Tu as des numéros, tu sais que c’est important pour toi, mais tu n’arrives pas à appeler.
Approche N°1 : tu te fous du “pourquoi” et tu focalises sur le “comment”, à savoir une stratégie d’hypnose, d’EFT ou de NERTI, selon l’appétence que tu as pour une technique ou pour une autre. Ou tu lis des bouquins sur : comment se libérer de la procrastination, tu apprends des techniques de productivité, d’organisation…
Approche N°2 : tu creuses ce qui se cache derrière la résistance à appeler ces prospects en te questionnant. “Quand je résiste à appeler mes prospects, de quoi ai-je vraiment peur ?”
Et tu décortiques : la peur de ne pas savoir quoi dire, d’avoir l’air stupide… Ou la peur qu’on me dise non, donc du rejet.
Pourquoi ai-je peur de ça ? Parce que je me souviens de telle et telle situation dans laquelle j’ai vécu cette émotion désagréable quand j’étais petit, quand j’ai été humilié…
Alors, quelle approche utiliser ?
L’insuffisance du “Comment”
De mon observation d’accompagnant, j’ai constaté que l’approche du “comment” est insuffisante, au sens où si je règle une peur en utilisant NERTI, par exemple, mais que je n’ai pas réglé l’origine, le symptôme va souvent se déplacer ailleurs. Même si je lis des tas de livres sur la procrastination, la productivité ou l’organisation, je peux tout savoir et tout comprendre, mais ne pas arriver à l’implémenter.
Ca résiste à l’intérieur de moi.
Exactement comme quand je prends un médicament pour étouffer une douleur ou un bouton. Mon corps va déplacer le symptôme pour m’informer que c’est important que j’en tienne compte et qu’il y a quelque chose à modifier dans mon mode de vie.
Quant à l’approche N°2, identifier l’origine du problème me permet de comprendre réellement son existence et l’impact dans ma vie, pour autant ça ne suffit pas à le régler.
C’est là où nous pouvons mixer les 2 approches :
Faire du Deep Coaching pour identifier l’origine du problème (et ça demande parfois de bien creuser) et connaître réellement la cause.
Puis pratiquer l’Ostéopathie Mentale pour transformer le problème et libérer la blocage avec un outil ou un autre.
A la différence d’un outil comme l’EFT ou l’hypnose où l’on cherche à faire, dans l’ostéopathie mentale on ne cherche pas à faire quoi que ce soit
On laisse le corps se rééquilibrer naturellement.
Je dois ici rentrer dans le détail pour que tu comprennes comment tout ça fonctionne.
Le Do Something Bias ou le problème de l’interventionnisme
Si tu as creusé un peu la psychologie, tu sais que nous sommes criblés de biais cognitifs.
Parmi les plus connus, on retrouve le biais de confirmation qui nous pousse à valider notre modèle du monde et le biais d’attention sélective qui nous permet de capter surtout les informations qui nous intéressent et rejeter celles qui ne nous plaisent pas. Les deux fonctionnent bien ensemble !
Ce qui m’intéresse ici, c’est un biais moins connu, le “Do Something Bias”, autrement dit le biais qui consiste à toujours préférer faire quelque chose plutôt que rien.
Même si ça peut souvent ressembler à brasser de l’air, on le fait quand même !
Ouvre bien tes yeux ici car il est capital de comprendre la suite.
Notre système nerveux est câblé pour passer à l’action, il va toujours favoriser l’action à l’inaction.
Donc si tu as un problème, tu vas avoir le réflexe de réfléchir à ce que tu dois faire une action pour le solutionner.
Parfois cela fonctionne.
Mais d’autres fois, ça crée encore plus de dysfonctionnements, comme avec l’histoire de ma difficulté de réveil ou je m’embourbais encore plus dans mon lit, malgré toutes mes techniques.
Pour les problèmes ponctuels, ça peut faire sens de chercher une solution et la mettre en place.
Mais pour les problèmes chroniques, éviter de creuser la cause profonde peut être destructeur.
C’est là où la systémique nous renseigne beaucoup sur la nature de nos problèmes.
Dans l’approche systémique (développée particulièrement à l’école de Palo Alto), on parle de “tentatives de solutions” qui renforcent le problème, comme moi avec mes réveils ou avec mes tentatives de reprogrammation où, en réalité, cela renforçait encore plus le problème.
Dans l’approche systémique, au lieu de chercher à solutionner le problème, tu cherches à l’empirer (et c’est ce qui fait que ça marche !)
C’est complètement paradoxal pour notre cerveau d’humain et c’est la raison pour laquelle on parle d’approche paradoxale.
Si j’étais passé par cette approche, j’aurais cherché à rester le plus longtemps possible dans mon lit, par exemple.
C’est là où l’approche systémique peut être appliquée à tous les problèmes de notre vie, puisque c’est une façon de penser, un état d’esprit, plus qu’une technique.
Ne rien faire, la thérapie ultime ?
Nous avons vu que nous avons une inclination naturelle à faire plutôt que ne pas faire quand nous voulons résoudre un problème.
Ayant conscience de ce biais, nous pouvons fonctionner différemment.
La magie de l’être humain, c’est qu’il est régi par la loi de l’homéostasie, ce qui signifie qu’il retourne naturellement à son état d’équilibre.
Pour cela, il a besoin de conditions propices qui vont favoriser ce rééquilibrage : être dans un environnement favorisant, se sentir bien et en sécurité.
Par exemple, pour retrouver l’équilibre du corps, il suffit de respecter la vie, en consommant les aliments dont mon corps a besoin, au moment où il en a besoin, en quantité dont il a besoin, en mastiquant suffisamment.
Le jeûne en est le meilleur exemple : il n’y a rien à faire, sinon s’abstenir de manger, bouger le moins possible pour économiser de l’énergie, et le corps utilise cette énergie pour retrouver son équilibre comme un grand. C’est comme ça que de très nombreuses pathologies peuvent disparaître avec un usage intelligent du jeûne et une modification du mode de vie.
Pendant le jeûne, le processus d’autophagie se déclenche et le corps se débrouille comme un grand.
Sans rien faire, mon corps retrouve son équilibre. J’enlève juste les conditions qui empêchaient la pleine santé : les toxiques, le stress, les aliments mortifères…
Je n’ai pas besoin de FAIRE quoi que ce soit, je n’ai pas à faire de la cohérence cardiaque, de la méditation ou de l’EFT, ni besoin d’une pilule, j’ai juste besoin de créer les conditions pour être dans le calme et la paix. Il n’y a rien à faire.
C’est là où on entre dans le monde de la Via Negativa : la voie de l’addition par la soustraction. Enlever plutôt qu’ajouter.
Dans l’approche interventionniste de l’Homme moderne, nous n’avons rien compris à comment fonctionne un corps humain. Du coup, on se drogue de médicaments, de pilules en tout genre : on ajoute au lieu de supprimer.
Sans nous rendre compte que nous créons antitélie sur antitélie (à savoir, générer l’effet opposé à ce que l’on cherche, en mode “suis-moi je te fuis”)
Chacun peut le constater dans sa propre vie : la pleine santé est atteint en supprimant et non en rajoutant.Aucune pilule n’a autant d’effets que le jeûne.Tu peux essayer de manger tous les compléments que tu veux, de rajouter de la douche froide, des aliments super-méga-bio… Ca ne sera jamais aussi efficace que si tu diminues le nombre d’aliments que tu manges, que tu manges moins en mastiquant plus et que tu diminues le nombre de repas.
Ca va complètement à l’encontre de notre appétence naturelle pour l’accumulation.
Gardons à l’esprit que nous avons évolué depuis des millions d’années dans un environnement de manque, où nous alternions entre jeûne et consommation massive d’aliments.
L’hiver était rude et il nous fallait pouvoir faire des réserves et manger de grosses quantités d’un coup.
L’être humain est adapté aux périodes de manque et d’abondance, mais certainement pas à une période d’abondance permanente comme c’est le cas depuis l’événement de la société de consommation et des supermarchés.
C’est là où il devient salutaire d’enlever plutôt que d’ajouter.
Quand on enlève, l’être humain retrouve naturellement son état d’équilibre, la pleine santé, la joie…
Dans le sujet du jour, il s’agit d’enlever le “Faire”.
Parce que nous sommes dans une société du Faire et de l’Avoir, avec excès.
Il n’y a besoin de rien faire pour résorber notre problème, juste de créer les conditions à sa résolution, tout comme le jeûne permet de réinitialiser notre système, sortir les poubelles et faire disparaître des pathologies diverses.
Comment ne rien faire peut-il régler quelque chose ?
Dans notre esprit d’occidental, l’effet suit la cause.
Je jette un verre par terre (cause), il se casse (effet). Logique implacable.
Mais l’être humain est beaucoup plus paradoxal qu’un verre.
C’est pour ça que la Systémique existe.
N’as-tu jamais remarqué des paradoxes dans la vie ?
Au plus tu veux quelque chose, au plus tu repousses l’objet de ton désir.
Ca marche avec les femmes, avec l’argent ou avec le bonheur.
Au plus tu forces quelqu’un à faire quelque chose, au moins il va vouloir.
Fou, non ?
Pourtant, nous l’avons tous expérimenté.
Et bien justement, le fait de lutter contre ton problème depuis tant de temps le fait exister et le rend durable.
Alors que quand tu cesses la lutte et que tu te mets dans les bonnes conditions, le problème se dissout de lui-même.
Dans une retraite de méditation Vipassana, il est enseigné la technique Vipassana qui consiste à observer le corps partie par partie, sans rien faire. Nous sommes juste dans l’observation, immobiles.
Et, simplement en le faisant, de nombreuses toxiques mentales ressortent, EXACTEMENT comme dans un jeûne.
Parce que le silence et l’immobilité sont des conditions préalables à l’équilibre psychique.
Quand tu te poses dans l’immobilité, tu laisses ton esprit tranquille et tous les toxiques accumulés depuis des dizaines d’années commencent à se libérer.
Ce “jeûne psychique” est assimilable à une chirurgie de l’esprit où toutes les particules de souffrance remontent peu à peu à la conscience : tu t’en doutes, le processus n’est pas agréable.
C’est pour ça que nous, Sapiens, usons de stratagèmes très perfectionnés pour éviter d’être seuls avec nous-mêmes.
“Tout le malheur des hommes vient d’une seule chose, qui est de ne savoir demeurer en repos dans une chambre.” Blaise Pascal
Beaucoup préfèrent masquer leur douleur permanente et stable à l’aide de nourriture, de divertissement, de bruit… plutôt que traverser cette douleur en conscience et la laisser partir.
On en revient à l’histoire du Marshmallow : si je préfère vivre un pic de dopamine tout de suite qu’un vrai bonheur plus tard, je m’expose à être dans l’addiction au plaisir instantané toute ma vie.
Prisonnier de mes désirs, prisonnier de la société de consommation, il me suffit d’avoir du pain et des jeux et j’oublie tous les problèmes. Pour autant, la poussière a-t-elle disparu quand on l’a mise sous le tapis ?
La voie de la libération de nos difficultés n’est pas simple car elle demande de la discipline.
Et en même temps, il n’y a rien de complexe car il n’y a rien à faire, si ce n’est faire appel à mon courage pour être en présence dans le silence et l’immobilité, et me laisser traverser par mes sensations, mes émotions, sans y réagir.
C’est comme ça que François Roustang, hypnothérapeute de renom, aidait ses clients à retrouver leur équilibre : sans rien faire.
Il invitait les gens à s’installer confortablement dans le fauteuil, se mettre vraiment à l’aise, afin qu’ils se sentent confortables et en sécurité.
Dans ces conditions, il n’avait rien à faire, si ce n’est les aider à lâcher leur tête, leur mental, pour être dans l’expérience, juste être présent à leur problème…
Et la dissolution intervenait.
Les gens repartaient comme une fleur, leur problème était résolu, ils étaient comblés.
Ca paraît fou et pourtant, c’est la réalité.
Comment appliquer la Thérapie du RIEN pour résoudre tes difficultés ?
Cette approche paradoxale de la thérapie ne demande pas beaucoup d’effort, par contre elle requiert certaines qualités :
L’attention, pour être présent à soi, à nos processus mentaux, à notre corps.
Le courage, de faire face à ses démons, à ses peurs, à sa souffrance.
La persévérance et la discipline, pour répéter le processus et cultiver cette présence à soi.
Ce sont 3 qualités dont je parle tout au long de mon livre “L’ingrédient secret de la réussite” avec des pistes concrètes pour les développer.
Il n’y a pas vraiment de mode d’emploi à proprement parler parce que cette approche ne doit pas être nourrie par le mental.
Grosso modo, voici le processus en 4 temps :
1/ Le temps de la planification : prendre le temps de planifier ce moment d’auto-coaching et d’auto-thérapie, à quel moment tu vas le faire et dans quel contexte.
2/ Le temps de l’exploration : une fois identifié le symptôme qui pose problème (le plus simple), prends le temps de creuser d’où ça vient et de te questionner à ce sujet, en écrivant.
3/ Le temps de la libération : une fois identifié la source, l’origine, prends un temps en silence, en présence de toi-même, confortable, sans rien faire, sans rien chercher, juste en étant à l’écoute des sensations et de ce qui te traverse.
4/ Le temps de la célébration : une fois terminé, célèbre le chemin parcouru, récompense-toi et fais un bilan pour tirer des enseignements de cette expérience, ce que tu en as retiré et vérifie si ça a résolu ta difficulté. Connecte à la gratitude d’avoir dépassé un challenge et de t’être offert ce temps pour toi.
Si tu as de la difficulté ou si tu veux prendre le raccourci pour appliquer cette approche, réserve un créneau avec moi où tu vas pouvoir expérimenter le processus. La première session est offerte.
Rendez-vous sur ce lien pour en profiter.
Sources :
Savoir attendre, François Roustang
Quand rien ne marche, apprenez à ne rien faire, Frank Kinslow
Chevaucher son tigre, Giorgio Nardone
L’ingrédient secret de la réussite, Fabien Delcourt
Tu veux aller plus loin et te libérer de la procrastination ?
Télécharge la Checklist des Agisseurs pour passer à l’action dans les 10 prochaines minutes sur LA tâche que tu procrastines depuis trop longtemps.